Coupe  
VENEZIA 2020


Pierfrancesco Favino (mais aussi...)


 

  Sa carrière remonte à 1995, et commence directement en Amérique (sous la direction de Spike Lee et de Ron Howard, avec tournage aux côtés de Brad Pitt dans "World War Z"). C'est en 2006 que l'espiègle Pierfrancesco Favino apparaît sur les écrans français avec Romanzo criminale de Michele Placido (coproduction franco-italo-britannique) dans le rôle d'un gangster libanais pendant les "années de plomb" (tensions et attaques qui ont certes marqué profondément l'Italie - et dont il faut se souvenir - mais qui tendent à occulter le plein élan démocratique, les luttes et les conquêtes des ces effervescentes années soixante-dix...).
Pour la et des bonne(s) cause(s), ce très "good boy" devient un peu le "bad boy" (il cattivo) du cinéma italien : treize ans après ce travail avec Michele Placido (célèbre dès 1984 pour son rôle de commissaire dans La Piovra), on retrouve Favino dans "Le traître" (Il traditore, 2019) de Marco Bellocchio ; film où il parvient à incarner avec justesse Tommaso Buscetta, le repenti qui a rendu possible le maxi-procès (l'exemplaire maxi-processo) de la mafia sicilienne en 1986 (après tous ses aveux au magistrat martyr Giovanni Falcone).

   Petite digression pour mieux revenir au cinéma (et pour mieux apprécier sa personne) : Favino n'est pas "seulement" un très bon acteur de grand écran. Lors du Festival de Sanremo 1998, qu'il coprésente brillamment avec Michelle Hunziker et avec "l'historique" chanteur-compositeur Claudio Baglioni, il interprète sur le podium du théâtre Ariston un monologue poignant, intitulé "La notte", pour insister sur toute l'actualité du drame et des sentiments des "derniers des derniers"... Ricordiamo qui questa forte quanto apprezzata interpretazione festivaliera di Favino.

  Donc... Pierfrancesco Favino a pu enchaîner comédies pétillantes, comme "Juste un baiser" (L'ultimo bacio de Gabriele Muccino, 2001) et films politiques (A.C.A.B de Stefano Sollina, Piazza Fontana de Marco Tullio Giordana - metteur de scène également de I cento passi et de l'émouvante fresque de La meglio gioventù - et Hammamet de Gianni Amelio (2020), où il interprète le rôle du tout dernier Bettino Craxi, ex homme d'Etat italien, qui s'est exilé en Tunisie après sa mise en cause dans l'opération Mains propres.

Pour cette Mostra 2020, avec Padrenostro de Claudio Noce - centré sur l'assassinat du père du réalisateur, préfet - Pierfrancesco Favino replonge dans le contexte des années de plomb (dont l'extrême violence "semble" vouloir étouffer les avancées sociales de ces décennies). Et, comme avec les brigades rouges prenant en otage l'ancien premier ministre démocrate-chrétien Aldo Moro1, c'est encore l'extrême gauche (dans d'autres cas les anarchistes) qui est en cause... sans recherches en amont, peut-être. À nous de tenter d'y voir plus clair, en suivant enquêtes et reportages actuels (et en refusant a priori tout fanatisme et toute violence). Et en gardant pleine conscience des exactions fascistes de ces années...
 

1. Toujours à propos de films-narration ardus, de qualité et soucieux d'une réalité que l'on se doit toujours "comprendre" (d'analyser, sans justifier la violence), et de la squestration d'Aldo Moro, co-initiateur du compromesso storico, on vous renvoie à Buongiorno, notte de Marco Bellocchio (avec Maia Sansa et Luigi Lo Cascio, auquel nous avons également dédié une fiche).


  C'est grâce à Padrenostro et à son talent de longue date que Pierfrancesco Favino, gagnant italien de la Mostra '77, a donc remporté rien de moins que l'imposante et élégante Coppa Volpi pour la meilleure interprétation masculine.
Riascoltiamo e rivediamo, amici, il discorso ufficiale di ringraziamento del nostro Pierfrancesco Favino. Un discorso che, come senz'altro ricorderete, acquista accenti poetici. E, a Venezia in particolare, un certo, ispirato lirismo non è certo di troppo. Ragion per cui gli amici francesi troveranno la traduzione di queste entusiasti parole, pour mieux saisir ce brillant et étincelant regard sur le cinéma... 

 


« Vous m'avez fait la plus belle surprise de ma vie (...) Le tournage d'un film est un peu comme la naissance d'une étoile ; et nous, nous restons sur cette étoile là pendant des mois, tandis que sa lumière se répand dans l'espace et sur écran. Je dédie ce prix aux millions d'écrans qui s'allumeront, à cette lumière qui se diffusera, à ces yeux prêts à briller dans le noir ».
Longue vie à nos "cinétoiles", seguiamo le nostre "cinestelle"...

 

Cinetoiles

 

  P.S : Par delà l'édition '77 de la Mostra, qui restera dans les mémoires, chers amis, nous avons voulu citer aussi Marco Tullio Giordana, Marco Bellocchio et Gianni Amelio. Soit des registi con i fiocchi... des metteurs en scène de tout premier plan... Trouver le temps de les connaître un peu, ainsi que leurs principaux films, serait une excellente chose, et même un'ottima cosa ! Dans ce post scriptum, veuillez donc découvrir les liens que "Culture & Santé" a choisi, en cliquant sur leurs noms. Et, si possible, en pensant à tout ce que leur sensibilité et leur travail offrent au septième art et à notre conscience collective :)

 




Retour général à Venise '77... par ici :)